LA RÉUNION ENTRE ARCHAÏSME ET MODERNITÉ

Réflexion Lucay SAUTRON FoxP2

Minuscule petit bout de France au milieu de l’Océan Indien, La Réunion n’a pas d’autre choix aujourd’hui que penser son avenir dans le giron des lois la République et de son modèle démocratique, mais aussi à l’aune des enjeux géopolitiques globaux présents au sein de l’India-océanie.

Partant du postulat que la croissance demeure le principal moteur des économies modernes¹ force est de constater que le développement de l’île restera encore durablement arrimé au modèle de développement hexagonal qui se mesure aux indicateurs habituels: les points de croissance, le produit intérieur brut par habitant, le nombre d’entreprises créées, le taux d’emploi, la hausse du pouvoir d’achat etc.

Mais au fond est-ce bien cette dynamique que nous voulons pour La Réunion ? Qui aujourd’hui est en capacité de penser un modèle propre de développement basé sur une insularité vue comme un atout stratégique plutôt qu’un handicap structurel, en se débarrassant définitivement de notre passé colonial et de l’héritage de la départementalisation ?

Qui sont aujourd’hui les hommes ou bien les femmes capables de porter une vision moderniste pour La Réunion à l’instar des deux hommes providentiels qu’étaient Michel Debré², puis Paul Verges, chacun dans leurs doctrines respectives ?

A supposer qu’elle fusse éclairée des drames qui se jouent sous nos yeux et qu’un visionnaire puisse porter un autre modèle de développement pour La Réunion, la faible fraction de la population encore motivée à changer les choses par les urnes n’aurait pas d’autre alternative que de choisir par défaut, parmi les dernières figures politiques locales, ceux ou celles qui ont revêtu les habits élimés de la droite, de la gauche ou du centre au gré des retournements de veste auxquels celles-ci nous ont habitués.

Nourrie à toutes les formes de consumérisme qui marquent la fin de notre siècle, victime consentante de cette même croissance hystérique silencieuse, la population Réunionnaise ne semble accorder qu’une faible importance aux problématiques économiques et de développement de l’île en général, pourvu que la métropole paie et que l’argent de l’Europe coule à flots.

Sur fond de crise climatique annoncée pour les décennies à venir, il faut aujourd’hui tirer les enseignements de la crise COVID qui nous a obligés à marquer le pas, en trouvant d’autre manières de travailler et de produire ; il nous faut prendre le temps le temps de la réflexion avant de s’engager de plus belle dans ce modèle économique global qui précipite le monde entier à sa perte³.

Si la croissance reste l’alpha et l’oméga de notre avenir, le moment est venu de dépasser les comportements politiques archaïques pour rechercher une autre forme de gouvernance, inventer un modèle politique et économique plus juste et plus économe de la ressource globale.

Ces propos introductifs ouvrent la voie à une série de contributions ultérieures visant uniquement à ouvrir une réflexion pragmatique partagée, tournée vers l’action et visant à fédérer des énergies nouvelles désireuses de lutter contre la médiocrité de la classe politique actuelle.

¹ La croissance se définit par une augmentation significative et durable de la production de biens et de services
² Premier ministre de Ch de Gaulle, puis député de La Réunion qui a notamment inspiré la loi de programme du 30 juin 1960 pour les Outre Mer
³ La surexploitation des ressources est l’une des principales menaces de l’espèce humaine sur la biodiversité et les écosystèmes. Selon les experts biodiversité de l’ONU (IPBES), environ un million d’espèces animales et végétales sur les quelque huit millions estimées sur Terre sont menacées d’extinction, dont « beaucoup dans les prochaines décennies »

Auteur de cette publication: Lucay SAUTRON – Contributeur extérieur à l’association FoxP2

L’association FoxP2 remercie Monsieur Lucay SAUTRON pour ce texte. Ce texte a été publié pour alimenter les réflexions et les discussions, l’association FoxP2 précise qu’elle ne prend pas de position, elle assure simplement un rôle de relai entre les contributeurs et les personnes souhaitant prendre part aux réflexions.

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